mercredi 17 février 2016

Ile de Pâques, la mystérieuse

Jeudi 11 Février 

Après 5h50 de vol, nous arrivons sur ce petit caillou de 22 kms de long sur 11 kms de large, le nombril de l’océan : l’île de Pâques. Nous venons de poser le pied sur l'île la plus mystérieuse et une des plus isolée au monde, celle qui apporte plus de questions que de réponses. Nous reculons nos montres de 2 heures ce qui nous permettra de profiter d’une journée plus longue. Nous mettons au moins une heure à récupérer nos bagages car l’aéroport est tout petit et il n’y a qu’une petite camionnette pour décharger les valises des 250 passagers. Alors que nous nous apprêtons à prendre un taxi, nous apercevons une dame avec une pancarte « Laetitia », c’est notre hôte qui est gentiment venue nous accueillir, avec, à l’immense joie des filles, des colliers de fleurs de frangipanier. C’est une vrai Rapanui, et comme elle est mariée à un français, elle parle un français parfait ! Elle est d’une gentillesse incroyable ! Comme sa voiture est petite, elle paye un taxi qui nous amène jusqu’à chez elle. En arrivant, c’est le paradis ! nous avons un grand bungalow en bois avec vue sur le Pacifique… et en plus il y a des chiens, un chat, des poules et des poussins ! Une sorte d’Arche de Noé privée pour les filles ! Lorsque nous lui disons que nous voulons louer une voiture, elle nous dit que cela va être difficile en raison du grand nombre de passagers qui ont débarqués ces deux derniers jours. Elle passe tout de même un coup de fil à un ami qui par chance en a une pour nous. Il nous l’amènera à 18 heures ce soir. On aura donc une voiture durant 4 jours pour un prix dérisoire ce qui nous rendra autonome pour nous balader sur l’île. Juste le temps de décharger les bagages et de se rafraichir un peu, que notre hôte, Sylvia, nous accompagne avec sa voiture en ville, au festival « Tapati Rapanui ». Par chance, notre séjour tombe en plein milieu de cette fête traditionnelle, nous nous imprégnerons ainsi de la culture et des coutumes locales. Il s’agit d’une série de concours de chants, de danses, d’artisanat et de sports entre deux clans qui présentent chacun une prétendante au titre de reine du festival. En chemin nous passons devant la maison du frère de Sylvia et comme il est en train de se préparer avec une partie de sa famille pour la fête, on s’y arrête. Hommes et femmes sont soit en maillot soit ils ont juste de quoi cacher ce qu’il y a à cacher et s’enduisent entièrement le corps de boues de différentes couleurs. Une fois sèche leurs corps teintés sont ornés de différents dessins peints avec une boue d’une autre couleur, de coquillages, de feuilles de palmier séchées ou de plumes. Dans la rue principale, chacun se prépare à défiler. Angelina, Lily-Rose et Perle se font maquiller le visage à la boue également. A 18 heures, Sylvia nous ramène car la voiture nous attend à notre logement. Ici tout se base sur la confiance, nous avons les papiers du véhicule mais on ne signe rien, mais à ce niveau du voyage, plus rien ne nous étonne… Nous repartons faire un tour sur le petit port en ville en attendant le début des festivités, puis nous regagnons le centre ville admirer le défilé tout en mangeant une bonne brochette. 

Vendredi 12 Février 

« A la rencontre des Moaïs » ces sculptures en pierre monumentales, est notre devise de la journée ! Il plane quelque chose d’étrange sur cette île avec ces imposantes et belles statues. L’histoire de cette dernière et de ses Moaïs est très mystérieuse car il y a beaucoup de théories, mais aucune certitude. Une énorme quantité de détails sur la sculpture primitive ont disparu avec les premiers habitants et il est fort probable que personne les connaitra jamais. Même s’ils ne sont pas tous dans leur état d’origine et que beaucoup sont abimés, il n’en reste pas moins qu’ils dégagent tous quelque chose de mystique. Pour faire court, ces ancêtres croyaient que le Mana (énergie spirituelle) des personnes importantes continuait d’exister après la mort et pouvait influer sur le cours des évènement bien après leur décès. Lorsqu’un chef d’une tribu ou d’un de ces membres importants décédait, on faisait sculpter une statue dans la carrière de Rano Raraku, elle était ensuite transportée et érigée dans le village du défunt. Seul les orbites des yeux n’étaient pas taillés dans la carrière mais une fois la statue en place sur son « Ahu ». Car tailler les orbites d’un Moaï équivalait à lui ouvrir les yeux et à faire revenir son esprit à la vie. Toutes les statues regardaient vers l’intérieur de l’île pour surveiller et protéger les populations avec leurs pouvoirs spirituels. Elles ont toutes été renversée, mais on ne sait pas réellement pourquoi… S’agit-il de guerre entre tribu ou de fin de croyance ? Beaucoup de Moaïs ont été redressé par les archéologues et d’autres on été laissé tel qu’ils ont été trouvé. Nous allons tout d’abord sur le site de Tahai puis nous pique niquons ensuite en face des 7 « éclaireurs » d’Ahu Akivi, les seuls de l’île à être tourné vers la mer. Pourquoi? Parce qu’à priori il y avait un village devant eux, ou bien représentait-il les 7 hommes d’un roi polynésien déchu, qui seraient venus en éclaireurs pour voir si cette île était habitable ? Après ça, nous roulons jusqu'à la plage idyllique de sable blanc d’Anakena. Le soleil est brulant et l’eau fait le plus grand bien à tout le monde. Nous nous donnons pour objectif une « pause plage » par jour car, soyons réaliste, un enfant, une fois qu’il a vu un Moaï, ne voit absolument pas l’utilité d’en voir cinquante autres ! Cette « pause plage » nous servira donc de « carotte » ! Notre dernier stop de la journée sera Ahu Tongariki, un alignement de 15 majestueux Moaïs. Celui là est réellement impressionnant et ces 15 mastodontes ne peuvent que nous inspirer du respect. A l’entrée du site le « Moaï voyageur » est en traitement « anti-érosion » et on ne peut malheureusement pas le voir, car il est recouvert d’une bâche. On l’appelle « le voyageur » car à la suite d’une aide considérable du Japon pour la restauration des Moaïs (à savoir l’achat d’une grue pour les redresser), ce Moaï est prêté au Japon pour différentes expositions. Aujourd’hui il a repris sa place non loin des 15. Si les japonais pouvaient aussi faire un don pour permettre aux insulaires de reboucher tous les nids de poules sur les routes, ce serait génial !!! Tout au long de cette journée nous évoluons dans un environnement vallonné par une multitude de volcans éteints (70 au total), un peu comme un paysage auvergnat, mais en version « tropical » ! Cette île pourrait être appelée aussi l’île aux chevaux, car ils la peuplent superbement. Ce soir, nous rentrons tous rouges comme des écrevisses, car nous nous sommes laissé avoir par le fait qu’ici le zénith du soleil soit plus tard en journée et nous n’avons pas remis de crème en fin de journée. De plus le vent frais a bien atténué notre ressenti sur la chaleur et nous n’avons donc pas été assez vigilants… La journée s’achèvera donc par une biafine party ! 

Samedi 13 Février 

Nous commençons notre visite par le site de Vinapu, un des plus bel exemple de maçonnerie en pierre parmi toutes les plates formes de l’île. Il est vrai que les Moaïs prennent un peu la vedette sur les « Ahu » (plates formes sur lesquelles reposent les Moaïs) qui sont souvent tout aussi impressionnantes, et celle ci est différente dans le sens où elle rappelle étrangement les murs des constructions Inca que nous avons pu voir au Pérou. L’autre étape phare de notre visite est le splendide volcan Ranau Kau. Celui-ci est le deuxième des trois volcans principaux qui ont façonnés l’ile. Il est vieux de 2,5 Millions d’année et son éruption laissa un cratère de plus d’un km de diamètre. Ce n’est pas la première fois depuis le début de notre voyage que l’on voit un volcan mais c’est bien la première fois que l’on voit un cratère, de plus, de cette dimension et c’est assez émouvant à voir. A l’intérieur, un lac s’est formé et des joncs d’eau douce, identiques à ceux du Lac Titicaca, tapissent la surface. En continuant notre route sur la crête du volcan on arrive au site d’Orongo. Ce village cérémonial doté de petites habitations en pierre vaut surtout le détour par sa situation spectaculaire, perchée entre le cratère et la falaise qui plonge dans le pacifique. La vue sur l’océan et sur les 3 Motus (petits ilots) proches de la côte est vraiment hypnotisante. Puis direction Ahu Hanga Te’e, cet endroit diffère de nos précédentes visites car ici les Moaïs ont été laissés tel qu’on les a trouvé, c’est à dire couchés face contre terre par les insulaires. Ce spectacle désolant nous rappelle que par moment l’histoire des Rapanuis a été des plus violentes. En nous rendant à la plage de sable rose d’Ovahe, où s’achèvera notre journée, nous repassons devant le site de Tongariki et par chance aujourd’hui le Moaï « Voyageur » est libéré de sa bâche. Nous y refaisons donc un stop rapide car les filles trépignent d’impatience à l’idée d’arriver à la plage ! La petite plage de sable rose d’Ovahe se trouve dans une crique encaissée dans la falaise ce qui lui permet d’avoir la particularité d’être ombragée à partir de quinze heures et tant mieux car avec le coup de soleil que nous avons attrapé hier, un peu d’ombre aujourd’hui ne nous fera pas de mal. 

Dimanche 14 Février 

En ce jour de St Valentin, on s’offre la visite des deux carrières, dans lesquelles étaient taillés les Moaïs. On commence par « Puna Pau » où les coiffes étaient réalisées dans une roche de couleur rouge différente de celle du corps. Ensuite nous allons à la carrière principale « Rano Raraku » qui se situe sur la paroi externe d’un cratère d’un volcan. La roche est du Tuf, cendre du volcan solidifié, plus tendre que le basalte du reste de l’île. D’ici, on se rend vraiment compte du travail titanesque qui était réalisé. Les faces « avant » des Moaïs étaient sculptées dans les parois et ce n’était qu’ensuite qu’ils étaient décrochés des parois, redressés et sculptés sur la face arrière. Une fois terminé, ils étaient transportés à des kilomètres de là. Par quels moyens? Debout ou couché? Après une petite marche de 10 minutes nous arrivons sur la paroi interne du volcan nous remarquons que là aussi des Moaïs ont été sculptés, surement en raison d’une forte demande. Les extraire de là était encore plus difficile car les hommes devaient les faire descendre jusqu’au bord du lac, les faire remonter sur la pente interne du cratère pour ensuite les redescendre sur la pente externe ! Et le plus incroyable c’est qu’aujourd’hui encore, on ne sait avec certitude ni pourquoi, ni pour qui, ces hommes se donnaient autant de mal. Les Moaïs inachevés restés dans la carrière sont désormais ensevelis jusqu’au cou pour la plupart et des corps de plus de 13 mètres sont invisibles, plantés sous la terre. Pourquoi la production s’est-elle arrêtée si brusquement? Nous partons à la plage vers les 18 heures pensant qu’elle sera déserte, sauf qu’aujourd’hui on est dimanche et que tous les insulaires s’y sont donnés rendez vous. Malgré l’heure tardive, nous avons presque du mal à trouver une place sur le petit bout de sable paradisiaque d’Anakena. On conclu cette journée de nouveau par un pique nique sur le site des 7 Moaïs d’Ahu Akivi pour profiter de leur exposition à la lumière du coucher de soleil. En revanche, on ne tarde pas, car il fait très frais. Lorsque nous rentrons, Sylvia nous a fait une surprise et nous a préparé un repas pensant que nous rentrerions pour manger : du poulet Sarsive (poulet à la sauce chinoise de la réunion avec du riz et de la patate douce). Nous le mangerons demain, sans faute, car cela sent réellement bon !!! 

Lundi 15 Février 

Ce matin, il nous faut reprendre le chemin de l’école… La matinée s’articule donc entre devoirs lessives et bagages. Nous mangeons le bon repas que Sylvia nous a préparé hier, puis nous retournons faire un tour sur l’île pour profiter une dernière fois des paysages qu’elle nous offre. Nous profitons également de ce temps pour nous arrêter de nouveau à la carrière Rano Raraku, à Orongo et à la poste afin d’apposer des tampons sur nos carnets de voyage et nos passeports. Ce soir nous nous envolons pour Papeete. Savoir que ces Moaïs ne livreront jamais tous leurs mystères, les rend encore plus attractif. En plus de sa splendeur, ce que nous retiendrons de cette île c’est la gentillesse des insulaires. Aussi, malgré les cinq cents personnes qui atterrissent chaque jour sur ce petit bijou, tous les sites étaient quasiment déserts et les routes également, cela est surement dû au fait qu’ici on ne s’y arrête que quelques jours… En tout cas on a vraiment eu l’impression d’y être seul au monde ce qui a rendu ces 4 jours encore plus extraordinaires. De tout coeur, Maururu !

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